Récits du Sud Tunisien
Resumé
Il ne s’agit pas ici, d’une étude comparée des contenus du Coran et de la Bible qui aurait été écrite par un exégète de ces deux religions mais tout simplement de propos recueillis par l’auteur dans le Sud Tunisien, du temps où il était enseignant dans l’oasis. Après que son ami Amar ben Ghouma, un vieux sage du village lui a raconté dans un style très savoureux l’histoire d’Adam et de Haouâ, Alexandre Grigoriantz est parvenu grâce aux récits de cet incomparable conteur, à reconstituer l’histoire de la plupart des grands prophètes de l’Ancien Testament et celle de Jésus que les musulmans appellent le Prophète Aïssa, telle qu’elles apparaissent dans la tradition islamique. Au cours de nombreuses soirées qu’il passées chez son ami Jamal, en compagnie d’Abdeljalil, le maire de Kebili, de l’Imam Abdallah et du cheikh Mustapha, l’auteur a recueilli, outre celles d’Adam et de Haouâ, les histoires de Kalil et Abil ( Caïn et Abel), de Noé, de Job, de Brahim ( Abraham), de Youssef (Joseph), de Moussa et Faraoun ( Moïse), de Loth, de Daoud (David), du Sultan Souleïman ( le Roi Salomon) et celles de Aïssa le Pur ( Jésus) et de sa mère Myriam qui selon la tradition islamique fut visitée par Jebraïl ( Gabriel) car elle était vierge. Ces récits sur les prophètes communs à la Bible et au Coran alternent avec quelques considérations sociales et philosophiques mêlées d’un peu d’humour, émises par chacun des participants à toutes ces soirées que l’auteur a passées attablé avec ses amis autour d’une vieille lampe à pétrole qui lançait du noir de fumée ou assis au coucher du soleil sur la dune qui domine le grand lac salé, le Chott el Jerid. Avec, dans le lointain vers le Nord Ouest, la petite oasis que les gens de la région appellent Faraoun, car c’est là, disent-ils que Pharaon est mort noyé quand il poursuivait Moussa (Moïse) avec son armée.
Extrait
n°1 Chapitre 2 Histoire d’ « Aïssa le Pur »
… il s’exprimait surtout en termes d’énigmes ou de paraboles et il accomplissait des miracles. Il guérissait les lépreux simplement en touchant les parties malades avec ses mains ou bien avec son souffle qui était animé par l’Esprit de Dieu. Si Aïssa pouvait accomplir ces miracles, c’est parce qu’il était toujours accompagné de l’ange Gabriel qui lui communiquait la force et le souffle nécessaires. Grâce à ce souffle, il pouvait donner ou bien redonner la vie. C’est la raison pour laquelle chez nous les musulmans, quand un médecin réussit très bien dans son domaine, on dit de lui : » Il a le souffle d’Aïssa . » Déjà quand il était petit, Aïssa fabriquait des oiseaux en argile. Ensuite il soufflait dessus et ces oiseaux s’envolaient. – Il fabriquait uniquement des chauve-souris. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que la chauve-souris c’est le plus parfait des oiseaux. Elle a des dents, elle vole et elle allaite ses petits. A cause de cela les autres oiseaux, rendus jaloux, se sont mis à la détester. Ils ont même essayé de la tuer. C’est pourquoi maintenant la chauve-souris ne sort que la nuit. Comme le hibou. Le hibou, lui, ne se montre jamais dans la journée. Mais c’est pour une toute autre raison. Depuis qu’un jour il a donné un conseil à Souleïman (Salomon), il est devenu orgueilleux. Il croit qu’il est le plus intelligent que les autres et er le plus beau de tous les oiseaux, c’est pourquoi il ne vole plus avec les autres. Ah, j’allais oublier ! Quand Aïssa soufflait sur les chauve-souris qu’il venait de fabriquer, elles s’envolaient, mais dès qu’il les perdait de vue, elles retombaient. Il en était d’ailleurs de même avec les hommes. Tous ceux à qui il avait redonné la vie, au bout d’un moment, demandaient à retourner dans leur tombe. Sauf Lazare. C’était un de ses amis
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